Wissant.....la plage

par Invité Ven 30 Nov - 7:26

Bonjour à tous,

Voici une chronique de la Grande Guerre sur la côte entre Calais et Boulogne s/mer...

Un U-boot fut découvert par des douaniers au petit matin du 26 juillet 1917, qui s'empressèrent de prévenir des cavaliers belges du 5e lancier, basés à Wissant. Quarante d'entre-eux se pressèrent alors de se rendre sur la plage pour capturer ce monstre d'acier. Voyant leur avenir incertain, les Allemands étaient sortis de leur sous-marin en prenant soin de le piéger. Rapidement, des explosions coupèrent le navire en deux parties. L'arrière du sous-marin était en flammes, elle fut éteinte par la marée montante épargnant in extremis l'avant et ses dix-huit mines encore intactes.

Encadrée par un peloton de cavaliers, officiers en tête, la colonne de prisonniers prenait la direction de Calais en passant par Hervelinghem et par Saint-Inglevert. Ils firent une entrée triomphale par le boulevard Gambetta en direction de la citadelle. Les instruments du sous-marin furent très vite démontés et analysés par l'amirauté. Une partie des torpilles et des obus fut dégagée et transportée au front de mer de Calais pour y être analysée. Le reste de l'armement fut enseveli par une tempête, fin août.

Le submersible allemand d'un tonnage de 400 tonneaux et long d'une cinquantaine de mètres, l'UC-61 était armé de trois tubes lance-torpilles et d'un canon de 88mm. Il possédait aussi des puits verticaux, propres aux mouilleurs de mines, traversant de part en part le navire et pouvant libérer ses dix-huit mines de deux cents kilos chacune. Il avait à son bord un équipage de trois officiers et de vingt-deux hommes.

L'UC-61 avait vu le jour à Brême et commencé son service fin décembre 1916. Il n'avait effectué que quatre missions lorsqu'il s'est échoué sur la plage de wissant. Sa troisième croisière avait été périlleuse. Il avait dû échapper aux grenades d'un contre-torpilleur et aux tirs d'un chalutier (du genre du harenguier sur la photo ci-dessous) lui occasionnant de nombreuses avaries notamment au niveau des moteurs électriques. Sept semaines de travaux au port de Zeebrugge lui avaient été nécessaires.

Mais à peine était-il sorti qu'il devait faire demi-tour et revenir à son point de chute pour se débarrasser d'un filet de pêche anglais. Sa quatrième croisière lui donnait plus de réussite. Au cours de ces dix-huit jours de sortie, il réussit à mouiller des mines aux Pierres-Noires sur lesquelles le cuirassé français le Kléber sauta le 27 juin 1917. Le reste de sa campagne se déroula dans le Golfe de Gascogne et au large des côtes anglaises où trois voiliers et deux vapeurs coulèrent.

Pour se débarrasser des deux tonnes d'explosifs qui restaient encore à extraire de l'épave, l'état major décida que le sous-marin servirait de but à des essais de tir d'un mortier belge nouveau modèle. Le 4 septembre, un quinzième tir venait exploser toutes les mines. Le sous-marin n'était plus qu'un amas de ferraille.

En 1920, l'épave fut vendue par l'inscription maritime pour 1 500 francs à un habitant de Wissant, Charlemagne Honvault.

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