décès d'azrael56

Depuis quelques années, j’ai eu l’occasion de rencontrer un certain nombre nombre d‘anciens combattants, de la seconde guerre mondiale, un peu, d’Indochine et d’Algérie beaucoup, de Kolwezi et d’ex-Yougoslavie. J’ai le privilège et l’honneur de compter parmi ces anciens combattants des amis fidèles et indéfectibles, presque des proches.

Parmi ceux-ci, le capitaine de gendarmerie mobile Philippe Beuvelet.

Philippe n’était pas un gendarme comme les autres. La mobile, en elle-même, diffère de la gendarmerie au sens où on l’entend la plupart du temps. Bien éloigné des contrôles routiers, Philippe faisait parti de ses hommes qui assuraient à travers la métropole et le monde, une paix française.
Philippe était un combattant, un homme qui depuis son arrivée dans la gendarmerie, avait défendu son pays et maintenu la sécurité de la nation à de nombreux points chauds du globe, notamment en Nouvelle Calédonie ou encore en Guyane française. Lors de son service militaire dans l’arme blindée cavalerie dans les Forces Françaises en Allemagne, il avait vécu à Berlin les dernières années de la guerre froide, ressenti tout le poids de cet affrontement gigantesque qui avait lieu depuis 1945 entre les deux blocs. Il avait aussi connu des zones de guerre, avec deux longues missions en Ex-Yougoslavie.

En Yougo, il avait vu à quel point la folie des hommes pouvait mener à l’inconcevable. En tandem avec des policiers locaux, il avait du procéder à l’ouverture de plusieurs charniers. Des femmes, des enfants de l’âge des siens massacrés dans d‘ignobles conditions, des villages entiers victimes des tueries ethniques furent son terrible quotidien durant ses deux séjours. Cette guerre là n’avait rien de « soft », comme disent certains. Cette guerre en Ex-Yougoslavie était un véritable bourbier, une situation inextricable à laquelle ces courageux soldats français dont il faisait parti avaient du faire face. Il avait vécu là bas des choses qui dépassent l’entendement. Il avait laissé sa femme et ses deux enfants pour partir dans cette région.

Je pense que c’est au fil des années et de ces difficiles situations qu’il avait pu acquérir ce détachement non dénué de grandeur d’âme. Il était passé par tous les grades, de simple gendarme à capitaine.
En bref, pour résumer mon ami Philippe, je dirais qu’il était un homme entier, fidèle en amitié et je suis très fier d’avoir pu le compter parmi mes amis.

Une étoile brille désormais dans les cieux, et tu veilles désormais sur ta famille, tes amis, et aussi sur tes frères d’armes gendarmes, qui aujourd’hui comme demain, continuerons à défendre les intérêts et la sécurité de notre nation, cette nation à laquelle tu as tout donné.

Adieu mon ami, adieu…

Antoine Carenjot.