L'histoire de deux cahiers d'écolier

Bonjour,

Il y a environ 1 an, j'ai acheté sur un forum voisin 2 cahiers d'écolier qui contiennent la correspondance de 2 marraines de guerre avec des soldats belges. J'ai commencé à retranscrire le contenu pour vous en faire profiter.

J'ai gardé l'orthographe et la ponctuation du document.


Correspondance des filleuls belges 1er cahier

Breuillet 10 janvier 1916

Messieurs et chers soldats

Il y a quelques semaines les membres de l’Union Chrétienne des Jeunes filles de Breuillet furent réunis par leur présidente qui leur demanda si elles aimeraient avoir un filleul de guerre ?
L’idée fut acceptée avec enthousiasme et chaque mois les 30 jeunes filles que composent notre Union réunissent avec joie une certaine somme pour envoyer des colis à un filleul.
L’enthousiasme est si grand qu’au lieu d’un filleul nous pouvons en prendre deux !
Ayant demandé à l’Union Chrétienne de Paris de nous donner l’adresse de deux jeunes soldats, vous nous êtes très recommandés l’un et l’autre et je viens vous demander si vous voulez bien nous accepter comme marraines. Vous recevrez de nous lettres et colis de temps en temps. En échange vous voudrez bien nous écrire à l’adresse indiquée et nous dire ce dont vous aurez besoin l’un et l’autre.
Nous sommes très touchées à la pensée que vous n’avez rien eu de personne depuis 17 mois et nous sommes très heureuses à la pensée que nous pourrons contribuer à apporter un peu de confort à deux braves soldats.
Nous vous envoyons e même temps que cette lettre deux colis, j’espère qu’ils vous parviendront en bon état.
En attendant le plaisir de recevoir votre réponse recevez chers soldats mes meilleures salutations

Blhaillé ……….

Vous allez recevoir avec les colis un mandat carte de 10 francs

Réponse

Le 24 janvier 1916

Mes chères marraines

A l’instant je reçoit votre honorée qui décidément j’ai lu et relut avec passion car réellement je croyais que le facteur s’était trompé, car j’ose vous avouer mes chers marraines que c’est comme vous le dites voilà 17 mois que je suis au front sans nouvelles ni ressources de personnes. Mais ce n’est pas tout pour les deux petits gâtés dit il le facteur, je lui dit, mais vous rigoler sans doute ? Non dit il !
J’ai un bon petit mandat et un charmant paquet. Quels larmes de joie et de bonheur, rayonne sur nos fronts à moi aussi qu’à mon frère.
Nous nous levons à la lecture de cette charmante lettre nous constatons que nous ne sommes pas les seuls qui se dévouent pour la patrie que bien loin de nous des cœurs généreux se dévouent pour nous réconforter.
Car chères marraines j’assure que toute la sympathie dont vous nous temoignées depuis que vous avez eu l’honneur de nous connaitre en qualité de vos filleul a déjà chassé loin de nous beaucoup de mauvaises pensées.
Car mes chers marraines c’est très compréhensibles, toujours être sans nouvelles ni ressources de personnes. Mais maintenant de nouveaux nous sommes deux guerriers que l’on peut compter sur eux. J’espère que vous comprendrez d’après notre petite lettre quoique nous n’ayons pas d’instruction la joie que vous avez pu mettre dans nos cœurs en commettant l’acte de sympathie dont vous avez commis à notre égard et nous vous prions de croire mes chers marraines que vos filleuls admire votre dévouement avec passion et nous vous promettons de toujours marcher droit et franc et porter nos habits avec dignité.
Et toujours nous ferons notre possible afin d’obéir nos chefs.
En attendant le plaisir de vous lire nous vous saluont très respectueusement vos deux filleuls.

Clément Delplanche
Clovis Delplanche
Soldat 4/3 A103 armée belge en campagne

J'ai tapé le nom des soldats sur internet et voici ce que j'ai trouvé

http://www.bel-memorial.org/photos/DELPLANCHE_Clovis_12853.htm

Il y a plus loin dans les cahiers des correspondances relatant cet évènement.

Si cela intéresse quelqu'un, je continuerai à mettre en ligne la retranscription des correspondances.

Jérémy

Réponse

1er février 1916

Mes chers filleuls

Samedi après quelques jours d’attente Mlle …………. Une de vos marraines a reçu votre bonne lettre de laquelle elle nous a donné lecture hier dimanche après le culte. Vous savez n’est ce pas que nous sommes ici plusieurs jeunes filles qui étant membres de l’Union Chrétienne nous intéressons beaucoup à vous et nous avons décidé de vous écrire tour à tour de ce fait c’est moi qui cette fous suis chargée de cette agréable mission.
Je dois vous dire tout ‘abord combien nous avons été touchées et quelle est notre admiration pour vous à la pensée que depuis de si longs mois vous luttez sans avoir ces sentiments d’affection et de sympathie qui sont pour ceux qui combattent une arme si puissante et nous comprenons sans peine à quel point vous deviez être découragés quand tout à coup Dieu a eu pitié de vous, car c’est Lui croyez le qui nous a chargées de vous apporter selon la mesure de nos forces, le réconfort moral et physique dont vous aviez besoin et nous avons à cœur, sachez le de construire cette œuvre pour laquelle nous nous sommes engagées, sachant que là est notre devoir comme c’est le votre de combattre vaillamment.
Désormais sachez mes chers filleuls que vous avez dans un coin de France des « sœurs » qui pensent à vous et qui seront heureuses de vous le prouver. Comptez sur elles comme elles peuvent compter sur vous.
J’ai le plaisir également de vous annoncer l’envoi d’un colis à chacun lesquels je crois seront les bienvenus. Est-ce vrai ?
Maintenant puis je me permettre de vous demander quelques détails au sujet de votre vie au front ? Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées depuis 17 mois. Comment les avez-vous supportées, quelles ont été vos consolations, quelles sont vos espérances. Tout cela je vous assure nous intéressera vivement, car nous voudrions pouvoir partager vos peines ainsi que vos joies et j’ose espérer une longue lettre avec d’amples détails.
Maintenant je vais terminer avec l’espoir que vous êtes l’un et l’autre en parfaite santé et en vous adressant au nom de toutes et de ma part nos sentiments dévoués.
Une de vos marraines
Heléna Gardrat

Salut,

très bonne idée, merci à toi.

Olivier.

Salut,

J'ai lu tes retranscriptions avec beaucoup de plaisir, j'avoue que j'avais très peu de notions sur les marraines de guerres à part la connaissance de leur existence.

C'est un plaisir à lire et à découvrir! C'est même plutôt émouvant