Fusillé pour l'exemple

Bonjour à tous

Nous avons reçu hier le dernier numéro de "Vivre en Somme", qui est le mensuel édité par le Conseil Général de la Somme.

J'ai été très ému à la lecture de cet article, et j'ai eu envie de le partager avec vous.

L’honneur perdu du petit soldat

François Guidicelli fut fusillé, « pour l’exemple », à Caix, en 1915. Il vient d’être exhumé.

Très brun, les yeux noirs avec quelque chose de tragique dans le regard. Un regard doux. Un peu étonné. Il n’avait pas le profil d’une tête brûlée, d’un dangereux mutin, d’une forte tête. François Guidicelli, jeune pêcheur natif du village de Santa Reparata-di-Balagna en Haute Corse, a été projeté dans la plus grande boucherie du siècle dernier : la guerre 14-18. Soldat du 140ème régiment d’infanterie, il combattait le 7 juin 1915 du côté de Colincamps, dans la Somme quand il fut victime d’une commotion cérébrale due aux obus qui tombaient en masse. On appelle ça le syndrome d’obusite dans le jargon militaire. Cela provoque des troubles psychiques et physiques très graves. Amené au poste de secours, on le renvoie à son régiment. Il tombe à nouveau, erre dans la région pendant plusieurs jours. Il recouvre ses facultés mentales, se présente lui-même au poste de commandement. Essaie de s’expliquer. Peine perdue. Il lui est reproché un abandon de poste en présence de l’ennemi. Arrêté, il est condamné à mort le 19 juin par un conseil de guerre spécial. Le 20 juin, jour de ses 21 ans, il est abattu puis enterré directement dans la terre, sans cercueil, sans croix. Il fallait faire des exemples, dissuader les autres Poilus de refuser de monter à l’assaut. Cela se déroulait à Caix, dans la Somme.

Mort pour l’exemple

François Guidicelli était ce qu’il est convenu d’appeler un fusillé pour l’exemple. Grâce au travail de mémoire de Jackie Poggioli, journaliste et documentariste à France 3 Corse, et à celui de Daniel Greu, généalogiste amateur, à Moreuil, le corps du jeune soldat a été retrouvé dans le cimetière de Caix, et exhumé le vendredi 21 septembre dernier en présence d’une délégation corse missionnée pour le ramener chez lui. Il a été découvert, face contre terre, les mains encore liées dans le dos. Auteur d’un livre « Fusillés pour l’exemple 1914-1915 », membre du Conseil Scientifique de la Mission de Commémoration du Centenaire, le général André Bach, dans son courrier adressé au président du Conseil Général de la Somme, est formel : « En ce qui concerne François Guidicelli, on ne peut que lui attribuer le titre d’ancien combattant. Il a participé à toutes les actions de son régiment, le 140ème de Grenoble. Un de ses compatriotes Gabrielli, s’est trouvé dans le même cas que lui a la même période et a été aussi fusillé. En 1993, il a été réhabilité. Guidicelli ne l’a pas été, mais son cas est bien semblable ».

Philippe Lacoche – Vivre en Somme n°71 – novembre 2012


P.E.

Bonjour,

Merci de nous faire connaitre cette tragique histoire. C'est exactement le même cas qui est présenté dans " Les Fragments d'Antonin ".

Beaucoup de soldats victimes de chocs traumatiques ont été considérés comme des simulateurs et fusillés. La psychiatrie n'étant qu'à ses balbutiements ...

Les Britanniques ont pris en compte plus vite ce phénomène sous le nom de " shell shock ".

Jérémy