Souvenirs du Sergent Marc Sanvoisin, MPLF en Indochine

Bonjour à tous,

Voici un sujet concernant un sujet qui me tient très à cœur puisqu'il s'agît des souvenirs de mon oncle, le sergent Marc Sanvoisin, du V/7 RTA, mort pour la France le 3 Mars 1952 en Indochine. Je travaille actuellement sur un projet d'importance, l'écriture d'un livre retraçant sa vie et surtout sa carrière militaire, avec un éclairage tout particulier porté à son séjour indochinois (avril 51 à sa mort en mars 52) à la lumière de ses lettres adressées à la famille où, d'un style toujours simple mais percutant, il expose sa situation de vie en Indochine.
J'ai déjà réalisé en 2009 une brochure de 13 pages à l'occasion d'une cérémonie d'hommage qui lui a été rendu le 8 Mai 2009 à Saint-Aignan sur Cher (41). J'aurais très certainement le plaisir de vous reparler de lui ou de compléter ce sujet, en attendant d'avoir le plaisir de vous présenter d'ici une bonne année voir un an et demi je l'espère, le livre qui lui sera consacré.

Grosse nouveauté de la semaine, j'ai pu après de nombreux efforts de recherches, reconstituer son placard de décorations que je n'avais pas (je n'avais que la barette et elle était incomplète). Voici donc la réalisation que j'ai faite avec les décorations qu'il a reçu et les insignes des unités où il a servi :
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Insignes :
- brevet de parachutiste militaire (passé en 1948)
- insigne FFI (incorporé à 16ans au maquis FTP de Saint-Aignan de juin 44 à août 44)
- insigne du 1er Bataillon de Chasseurs à Pied (de Septembre 44 à Juin 45, campagne d'Alsace avec la première armée et poche de st Nazaire)
- insigne du 2ème Bataillon de Chasseurs à Pied (entre 45 et 48 au fort de Vincennes)
- insigne du 8ème Régiment de Tirailleurs Marocains (de 1948 à 1949, séjour au Maroc lors des premiers soulèvements anti coloniaux)
- insigne du 3ème REI (lors de son séjour en Indochine, il est incorporé temporairement au 3ème REI)
- insigne du 7ème Régiment de Tirailleurs Algériens (d'Avril 51 à Mars 52)

Décorations :
- médaille militaire (obtenue à titre posthume)
- croix de guerre 39-45 (deux citations : une au maquis de saint aignan et la deuxième sur la poche de st Nazaire)
- croix de guerre TOE (trois citations dont deux à l'ordre de l'armée : une à l'ordre de l'armée pour sa blessure au maroc, un clou en Indochine et une citation à l'ordre de l'armée à titre posthume)
- médaille coloniale (agrafes Maroc et Extreme Orient)
- médaille commémorative 39-45 (agrafes Allemagne et Libération... la seule chose qui me manque dans le placard).
- médaille commémorative d'Indochine
- médaille des blessés avec une blessure de guerre (en réalité, blessé trois fois : à Saint Nazaire à la jambe, au Maroc au dos, et en Indochine dès les premiers mois de son séjour).

Diplôme comportant sa citation à l'ordre de l'armée et la concession de la médaille militaire à titre posthume :
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Vue de la malle renvoyée à la famille et contenant ses affaires personnelles (je détaillerais plus tard):
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Dernière photo de Marc Sanvoisin prise le 2 Mars 1952, la veille de sa mort :
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Pour vous donner une petite idée de la teneur de ses lettres, je vous joint une lettre de lui racontant un accrochage (collection personnelle Antoine. C) :

SP 62986 le 14 Novembre 1951

Mon vieux beau frère,

Je fais aujourd’hui réponse à ta lettre du 7 Novembre. Voici quelques nouvelles depuis ma dernière mission nous avons de nouveau subis les troupes régulières vietminh il y a quelques jours. Voici quelques détails de cette bagarre de trois quarts d’heure.

Le ciel était sombre avec un plafond nuageux qui dégageait une chaleur lourde, moite. Nous étions dans la boue jusqu’à mi jambe qui se collait à nous comme une pieuvre qui aspire nos forces physiques et morales. Derrière nous à perte de vue, des rizières parsemés de bosquet et souvent séparés par des cocoterais plus ou moins traîtresses, dans cette guerre de guérilla où chaque pouce de terrain réserve une surprise ordinairement meurtrière. Devant nous étaient les rach qu’il faut tenir à tout prix pour interdire le passage des soldats viets qui font le ravitaillement et que les troupes amis ont la mission de nettoyer. La notre est de faire toucher sur la rive gauche ou plutôt sud car dans la tactique militaire la gauche et la droite n’existe pas. Il faut tenir et interdire le passage nous a t’on dit. Pas un souffle de vent. Nous étions plein de sueur du menton à la manche de la veste. Une pétarade se fait entendre dans les cocoterais. Chacun rectifie sa position, le visage plus ou moins tendu et le doigt sur la détente prête à toute éventualité. Tout à coup venant des cocoterais une dizaine de viets armés s’avançaient dans notre direction insouciants de notre présence dans le coin. Le deuxième contingent composé d’une vingtaine de rebelles et cette fois ci avec deux FM suit le premier groupe. La vue des armes automatiques excite davantage nos hommes qui savent pour le moment patienter. Dans les cocoterais la pétarade continue de plus belle. Déjà nos lascars de viets commencèrent à traverser le rach sous la protection de leurs collègues du 2ème groupe confiants en leurs FM. Minute de patience, nous nous plaquons tout ce que nous pouvons pour ne pas déceler notre présence.
A peine franchis le rach, les viets du premier groupe s’y sont répartis sur toute la longueur de la barge pour protéger le passage de leurs camarades du deuxième groupe mais dès que ceux-ci ont touchés la rive gauche ou plutôt sud nous tirons tout dans le tas en bondissant hors de nos cachettes, contents enfin de pouvoir se servir de nos armes. Certains se montrent en la circonstance tireurs d’élites, on se croirait à la foire de la st Simon devant un tir.

Surpris les viets n’ont pas eu le temps de riposter et se contentent de chercher un refuge. Leur tentative reste vaine comme par hommage ils tombent sous les balles meurtrières de nos armes qui ne cessent de semer la mort que lorsqu’il n’y a plus de cibles humaines pour tirer.

Le bilan était des plus beaux que l’on ai fait jusqu’ici : les trois quarts de la section vietminh abîmée ou tuée, une dizaine de blessés et prisonniers.
Tout l’armement récupéré ainsi que de précieux documents. De notre côté trois blessés légers.

Nous avons du pot pour une fois d’être tombés juste sur eux !

Depuis deux jours RAS je dors toutes mes nuits comme un bébé. Mon vieux beau frère je te quitte en t’embrassant bien fort et tendrement,

Marc.

Voila, j'espère que ce petit sujet vous plaira. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.
A très bientôt,
Antoine.

Salut,

J'ai tout lu, et c'est un sacré bel hommage que tu rends là à ton oncle, j'espère que ton projet pour être mener à terme et j'imagine le travaille qui t'attends. Je ne peux que te souhaiter bonne chance

La lettre est vraiment poignante et je n'ai rarement pu en lire d'aussi prenante! Cela m'aide à comprendre un peu ce conflit qui me dépasse de très loin.

Bou courage et merci à toi de nous avoir fait vivre ce petit bout de la vie de ton oncle

Génial, riche, instructif et émouvant.
félicitations pour vos recherches.
Votre travail me donne envie de faire des recherches plus approfondies sur un de mes aieux mort en indo, en 52 lui aussi.
Bravo