Comment retrouver un ancêtre disparu lors de la Grande Guerre ?
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Comment retrouver un ancêtre disparu lors de la Grande Guerre ?
Bonjour,
Au hasard d'un déménagement, vous pouvez tomber sur de vieux papiers jaunis dormants au fond d'une boite à chaussures que vous déplacez de maison en maison depuis des générations. Prenez quelques instants pour les lire, ces papiers peuvent être l'histoire d'une vie !
Prenons l'exemple de ce lot de papiers trouvé au hasard d'une brocante.
On y apprend que le soldat de 2e classe Fernand Louis DEMARET, matricule 2959, né le 28 novembre 1880 à ORS dans le canton du CATEAU (59) a terminé de manière exemplaire son service militaire obligatoire de 2 ans en 1902 au sein du 84e RI (Régiment d'Infanterie) qui était caserné à Avesnes sur Helpe, Le Quesnoy et Landrecies.
En 1907, nous retrouvons la trace de notre soldat.
Il participe à une manœuvre de l'école patronale des eaux et forêts avec le grade de sous lieutenant de réserve au sein du 132e RI en garnison à Reims. Il y est remarqué par ses capacités physiques, le soin qu'il apporte à ses hommes, ses qualités morales et sa bonne éducation.
Nous voici le 14 août 1914, la guerre a éclaté depuis moins de deux semaines et dès les premiers jours, les pertes sont terrifiantes. Il faut renouveler les officiers mis hors de combat. C'est la bataille des frontières.
On apprend, par cet extrait de décret présidentiel que le lieutenant DEMARET de la 16e compagnie de chasseurs forestiers est promu au grade de capitaine au sein du 94e RI caserné à Bar le Duc.
Voici le livret militaire de Fernand Louis DEMARET de la classe 1900. Ce livret ne devait jamais quitter la poche du soldat, il constitue ses papiers officiels.
Les papiers qui suivent n'auguraient rien de bon concernant le destin de ce soldat lorsque je les ai découverts. Ils sont datés du 31 juillet 1918 et 7 septembre 1920.
Il s'agit de papiers concédants une pension de veuvage pour femme d'officier. Cette pension est versée à Mme DEMARET Louise Mariel Ghislaine, née Wery et demeurant à Sassegnies chez Alphonse Werry. Il était coutume à l'époque de se marier avec des personnes venants des villages voisins. Ors et Sassegnies sont distants d'une dizaine de kilomètres. Outre le montant de la pension, ces papiers nous apprennent que ce couple avait 2 enfants, laissés orphelins par la guerre.
Ces tristes faits acquis, il convient maintenant de connaître la date et les circonstances de la mort du capitaine DEMARET.
Pour cela, je me rends sur le site suivant, dépendant du Ministère de la Défense. Il répertorie, entre autre, tous les soldats français morts pendant la Première Guerre Mondiale :
www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
Je vais dans la période Première Guerre Mondiale et je lance un formulaire de recherche
Je valide ma recherche en ayant indiqué au minimum le nom de la personne.
J'obtiens une liste de 4 noms. Je compare avec les informations que j'ai de mon soldat. Je me rends compte que ce soldat apparaît 2 fois, il s'agit d'une erreur administrative.
Je clique sur le nom qui correspond et j'obtiens la fiche suivante.
Cette fiche nous renseigne sur la date, le lieu et la cause de la mort du capitaine DEMARET. Ce dernier est mort au combat le 4 novembre 1914 au Château de Dixmude en Belgique (environ à 20 km au Nord d'Ypres). Le Journal de Marche Officiel (JMO) qui répertorie quotidiennement les événements d'un régiment n'est pas disponible en ce qui concerne cette période pour le 94e RI. Toutefois, un vétéran de ce régiment comble ce manque et nous renseigne sur l'action du 4 novembre 1914 qui coûta la vie à notre capitaine. Il allait avoir 34 ans. Cette attaque est un échec, le château n'est pas pris ce jour.
« le 4 Novembre : deux bataillons du régiment traversent l'Yser sur des passerelles au sud de Dixmude et, en liaison avec les fusiliers marins de l'amiral Ronarch, attaquent de front le château. Le 3e bataillon est à gauche, le 2e à droite, le 1er en réserve de division à Lampervise. La progression est très lente, sous des feux violents et meurtriers partant des murs crénelés de front et de flancs. Le 3e bataillon arrive à 400 m, puis, à la faveur de l'obscurité, gagne la ligne d'arbre à 150 m du château. »
Marcel Remy, Capitaine Adjudant major au 94 RI, La Garde Historique du 94e Régiment d'Infanterie, Imprimerie COLLOT, Bar le Duc. (merci à collectorww2)
Voici donc comment, à partir de quelques vieux papiers anodins, nous retraçons l'histoire dramatique de cette homme et de cette famille. Cette histoire est celle de millions d'hommes, de femmes et d'enfants que la guerre est venue rattrapée et séparée pour l'éternité. Ces destinées brisées à jamais, qui ne demandait qu'à continuer tranquillement leurs existences, ont versé un lourd tribu pour la défense de la France. Nous nous devons de ne pas les oublier.
Jérémy
Au hasard d'un déménagement, vous pouvez tomber sur de vieux papiers jaunis dormants au fond d'une boite à chaussures que vous déplacez de maison en maison depuis des générations. Prenez quelques instants pour les lire, ces papiers peuvent être l'histoire d'une vie !
Prenons l'exemple de ce lot de papiers trouvé au hasard d'une brocante.
On y apprend que le soldat de 2e classe Fernand Louis DEMARET, matricule 2959, né le 28 novembre 1880 à ORS dans le canton du CATEAU (59) a terminé de manière exemplaire son service militaire obligatoire de 2 ans en 1902 au sein du 84e RI (Régiment d'Infanterie) qui était caserné à Avesnes sur Helpe, Le Quesnoy et Landrecies.
En 1907, nous retrouvons la trace de notre soldat.
Il participe à une manœuvre de l'école patronale des eaux et forêts avec le grade de sous lieutenant de réserve au sein du 132e RI en garnison à Reims. Il y est remarqué par ses capacités physiques, le soin qu'il apporte à ses hommes, ses qualités morales et sa bonne éducation.
Nous voici le 14 août 1914, la guerre a éclaté depuis moins de deux semaines et dès les premiers jours, les pertes sont terrifiantes. Il faut renouveler les officiers mis hors de combat. C'est la bataille des frontières.
On apprend, par cet extrait de décret présidentiel que le lieutenant DEMARET de la 16e compagnie de chasseurs forestiers est promu au grade de capitaine au sein du 94e RI caserné à Bar le Duc.
Voici le livret militaire de Fernand Louis DEMARET de la classe 1900. Ce livret ne devait jamais quitter la poche du soldat, il constitue ses papiers officiels.
Les papiers qui suivent n'auguraient rien de bon concernant le destin de ce soldat lorsque je les ai découverts. Ils sont datés du 31 juillet 1918 et 7 septembre 1920.
Il s'agit de papiers concédants une pension de veuvage pour femme d'officier. Cette pension est versée à Mme DEMARET Louise Mariel Ghislaine, née Wery et demeurant à Sassegnies chez Alphonse Werry. Il était coutume à l'époque de se marier avec des personnes venants des villages voisins. Ors et Sassegnies sont distants d'une dizaine de kilomètres. Outre le montant de la pension, ces papiers nous apprennent que ce couple avait 2 enfants, laissés orphelins par la guerre.
Ces tristes faits acquis, il convient maintenant de connaître la date et les circonstances de la mort du capitaine DEMARET.
Pour cela, je me rends sur le site suivant, dépendant du Ministère de la Défense. Il répertorie, entre autre, tous les soldats français morts pendant la Première Guerre Mondiale :
www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
Je vais dans la période Première Guerre Mondiale et je lance un formulaire de recherche
Je valide ma recherche en ayant indiqué au minimum le nom de la personne.
J'obtiens une liste de 4 noms. Je compare avec les informations que j'ai de mon soldat. Je me rends compte que ce soldat apparaît 2 fois, il s'agit d'une erreur administrative.
Je clique sur le nom qui correspond et j'obtiens la fiche suivante.
Cette fiche nous renseigne sur la date, le lieu et la cause de la mort du capitaine DEMARET. Ce dernier est mort au combat le 4 novembre 1914 au Château de Dixmude en Belgique (environ à 20 km au Nord d'Ypres). Le Journal de Marche Officiel (JMO) qui répertorie quotidiennement les événements d'un régiment n'est pas disponible en ce qui concerne cette période pour le 94e RI. Toutefois, un vétéran de ce régiment comble ce manque et nous renseigne sur l'action du 4 novembre 1914 qui coûta la vie à notre capitaine. Il allait avoir 34 ans. Cette attaque est un échec, le château n'est pas pris ce jour.
« le 4 Novembre : deux bataillons du régiment traversent l'Yser sur des passerelles au sud de Dixmude et, en liaison avec les fusiliers marins de l'amiral Ronarch, attaquent de front le château. Le 3e bataillon est à gauche, le 2e à droite, le 1er en réserve de division à Lampervise. La progression est très lente, sous des feux violents et meurtriers partant des murs crénelés de front et de flancs. Le 3e bataillon arrive à 400 m, puis, à la faveur de l'obscurité, gagne la ligne d'arbre à 150 m du château. »
Marcel Remy, Capitaine Adjudant major au 94 RI, La Garde Historique du 94e Régiment d'Infanterie, Imprimerie COLLOT, Bar le Duc. (merci à collectorww2)
Voici donc comment, à partir de quelques vieux papiers anodins, nous retraçons l'histoire dramatique de cette homme et de cette famille. Cette histoire est celle de millions d'hommes, de femmes et d'enfants que la guerre est venue rattrapée et séparée pour l'éternité. Ces destinées brisées à jamais, qui ne demandait qu'à continuer tranquillement leurs existences, ont versé un lourd tribu pour la défense de la France. Nous nous devons de ne pas les oublier.
« Le vrai tombeau des morts, c'est le cœur des vivants »
Jean COCTEAU
Jérémy
youloveme82- Admin
- Messages : 14058
Date d'inscription : 23/09/2010
Age : 42
Localisation : Nord
Re: Comment retrouver un ancêtre disparu lors de la Grande Guerre ?
Bonjour
Felicitation pour cette recherche et les informations que tu as trouvé.
Comme disait je ne sais plus qui malheureusement: "ne sont morts que les hommes que nous avons oubliés", alors tachons de ne pas les oublier, et c'est comme ça qu'à notre façon nous continuons à faire vivre la mémoire de chacun de ces hommes quelque soit la couleur de l'uniforme, qui ont du s'affronter dans un combat fratricide qui finalement les a tous rassemblé dans la mort, ou la souffrance d'avoir survecu....
cdlt
Felicitation pour cette recherche et les informations que tu as trouvé.
Comme disait je ne sais plus qui malheureusement: "ne sont morts que les hommes que nous avons oubliés", alors tachons de ne pas les oublier, et c'est comme ça qu'à notre façon nous continuons à faire vivre la mémoire de chacun de ces hommes quelque soit la couleur de l'uniforme, qui ont du s'affronter dans un combat fratricide qui finalement les a tous rassemblé dans la mort, ou la souffrance d'avoir survecu....
cdlt
snafu- Gold member
- Messages : 1137
Date d'inscription : 22/01/2011
Localisation : Sous un Dolmen....;aie c'est lourd!!!
Re: Comment retrouver un ancêtre disparu lors de la Grande Guerre ?
Merci beaucoup Jérémy de nous faire partager cette histoire ô combien émouvante.
Bien sur, il s'agit là d'une histoire similaire à tant d'autres, mais nous nous devons de porter une importance à chacune d'elles.
Florian
Bien sur, il s'agit là d'une histoire similaire à tant d'autres, mais nous nous devons de porter une importance à chacune d'elles.
Florian
Florian12100- Nouveau membre
- Messages : 45
Date d'inscription : 07/02/2011
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