De maréchal des logis à adjudant chef dans le 5ème RAC en Indochine (1938-1945)
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De maréchal des logis à adjudant chef dans le 5ème RAC en Indochine (1938-1945)
Bonjour à tous,
Je vais ici exposer le récit du parcours militaire de mon grand père , soldat dans le 5ème régiment d'artillerie coloniale.
Ce récit est le résumé (quelque peu retravaillé par moi même ) des notes
méritées par l'adjudant C. au cours de son séjour en Indochine ,
dossier détruit par les Japonais. Ces notes ont été écrites par le
colonel Assaud à Saïgon le 28 Septembre 1945 , ce colonel étant le
commandant du 5ème RAC.
NB: Les phrases entre () sont des précisions que j'ai ajoutée.
(L'adjudant
C. s'est engagé le 4 Avril 1930 pour 4 ans , il avait 19 ans et s'est
engagé car suite à la crise de 29 , il ne trouvait pas de travail.
Finalement
, il est resté dans l'armée et suite à diverses campagnes , il arrive
en Cochinchine le 22 Octobre 1938 après 1 mois passé en mer. Il arrive
avec le grade de maréchal des logis.)
Titulaire du brevet de
chef de section depuis 1937 , il est diplômé de l'école supérieure de
commerce de Toulouse et est détaché au bureau du major comme secrétaire. Tout de suite , il se fait apprécier pour ses qualités
d'ordre et de méthode , de tenue , de discrétion et de discipline. Il
est noté de la façon la plus élogieuse.
Il est promu maréchal des
logis chef le 1er février 1940. ( C'est à cette même période que les
Japonais vont contrôler toute l'Indochine, y faire un embargo et qu'ils
vont bloquer toutes communications avec l'extérieure et ne vont pas
hésiter à tuer civils et militaires français au moindre faux pas... )
Vigoureux
et sportif , il est chef des équipes sportives de la portion centrale
du régiment et adjoint à l'officier chargé des sports , il est en outre
capitaine de l'équipe de rugby du régiment. Il exerce l'action la plus
efficace sur le personnel et les équipes sous son commandement
remportant les plus vifs succès , conservant ou apportant au régiment
la plupart des trophées mis en compétition dans les divers challenges
et championnat de Cochinchine. Fait preuve en toutes circonstances de
la plus grande fermeté et honnêteté sportive , arbitre très apprécié et
aimé des sportifs cochinchinois tant civils que militaires.
Premier
secrétaire du major , il est promu adjudant le 1er mars 194 ( j'imagine
1945 ). Commandant d'une section d'alerte dans le plan de défense du
quartier , il est très au courant de tous les détails du rôle qui lui
incombe et fait preuve d'initiative dans l'organisation de son secteur
, connait bien ses hommes.
Le 9 mars 1945 , quartier libre , il est en ville lorsque les japonais prononcent leur attaque , rapidement il se muni d'un pistolet et dans la nuit
la plus absolue il essaie de rejoindre le quartier , il se heurte aux
japonais un peu partout et vient butter dans ceux qui déjà mènent
l'attaque du quartier , vainement il essaiera de se joindre aux
défenseurs et il devra finalement se replier. Il tente alors de se
rendre à son secteur de défense à l'extérieur , carrefour et passage à
niveau "Verdun ..." , mais la aussi les japonais ont pris position
après avoir attaque et pris possession de la villa du Chef de corps
, il ne peut aborder , entendant les plaintes d'un blessé , il essaie
de s'en approcher , il s'agit du capitaine Courreaud , il le saura plus
tard , qui a été grièvement atteint d'une rafale de mitraillette en
venant porter secours à son chef de corps , son voisin , attaqué en
force à son domicile.
Le capitaine Courreaud est mort dans la nuit à la clinique de la rue
Legrand de la Liraye ou des camarades avaient tard dans la nuit réussis
à le transporter.
C'est en portant secours à cet officier qu'il ( mon grand père ) sera
entouré de toutes parts par les japonais et qu'il sera fait prisonnier
après avoir vainement vidé son arme sur l'adversaire pour essayer de se
dégager.
C'est au domicile même du chef de corps , transformé en
poste par l'ennemi , qu'il sera conduit , les mains liées derrière le
dos , avant d'être transféré le lendemain matin au quartier " Virgile"
tombé dans les mains des japonais.
C'est en effet à mon domicile que
tard dans la nuit , vers trois heures du matin , lorsque le pied gauche
cassé par un coup de crosse , le corps en sang et souffrant de façon
intolérable , j'aurai été ramené par les japonais pour me vêtir , que
j'aurais la douleur d'y trouver un brave sous officier accroupi , les
mains attachées dans le dos , la baïonnette d'une sentinelle pointée
sur la nuque , mais ce sera aussi pour moi un réconfort de trouver ,
malgré l'adversité et le tragique du moment , sur le visage de
l'adjudant C , l'image de la confiance dans l'avenir et d'entendre ,
malgré la présence menaçante de la sentinelle , les paroles
d'encouragement toutes du plus grand dévouement de ce sous officier ,
faisant preuve en la circonstance des plus belles qualités de calme et
de sang froid.
Au cours de la captivité , tant au camp Virgile qu'au
camp " Martin des Pallières" , l'adjudant C. avait été désigné pour
prendre le commandement d'un des groupes d'intervention constitués dans
la clandestinité avec du personnel appartenant au régiment. Il a montré
à cette occasion la plus juste compréhension de la situation ,
commandement , discrétion , connaissance parfaite de ses hommes et de
ce qu'on en pouvait attendre.
Après la libération , a pris une part active comme chef de groupe volontaire , aux opérations de déblocage de Saïgon.
Excellent
sous officier , connaissant bien son métier de chef de section ,
travailleur , consciencieux et honnête , ayant beaucoup d'ascendant et
d'autorité sur la troupe.
Très méritant.
A proposer pour le grade supérieur.
A proposer pour la médaille militaire
(J'avais oublié de le préciser mais mon grand père a été libéré le jour
ou devait se dérouler son exécution. Il y a eu relève de la garde et
l'ordre s'est perdu... Mon grand père a toujours estimé que sa vie
suite à son retour était comme une deuxième vie et comme un surplus
tant il pensait qu'il aurait du mourir la bas)
Bertrand
Je vais ici exposer le récit du parcours militaire de mon grand père , soldat dans le 5ème régiment d'artillerie coloniale.
Ce récit est le résumé (quelque peu retravaillé par moi même ) des notes
méritées par l'adjudant C. au cours de son séjour en Indochine ,
dossier détruit par les Japonais. Ces notes ont été écrites par le
colonel Assaud à Saïgon le 28 Septembre 1945 , ce colonel étant le
commandant du 5ème RAC.
NB: Les phrases entre () sont des précisions que j'ai ajoutée.
(L'adjudant
C. s'est engagé le 4 Avril 1930 pour 4 ans , il avait 19 ans et s'est
engagé car suite à la crise de 29 , il ne trouvait pas de travail.
Finalement
, il est resté dans l'armée et suite à diverses campagnes , il arrive
en Cochinchine le 22 Octobre 1938 après 1 mois passé en mer. Il arrive
avec le grade de maréchal des logis.)
Titulaire du brevet de
chef de section depuis 1937 , il est diplômé de l'école supérieure de
commerce de Toulouse et est détaché au bureau du major comme secrétaire. Tout de suite , il se fait apprécier pour ses qualités
d'ordre et de méthode , de tenue , de discrétion et de discipline. Il
est noté de la façon la plus élogieuse.
Il est promu maréchal des
logis chef le 1er février 1940. ( C'est à cette même période que les
Japonais vont contrôler toute l'Indochine, y faire un embargo et qu'ils
vont bloquer toutes communications avec l'extérieure et ne vont pas
hésiter à tuer civils et militaires français au moindre faux pas... )
Vigoureux
et sportif , il est chef des équipes sportives de la portion centrale
du régiment et adjoint à l'officier chargé des sports , il est en outre
capitaine de l'équipe de rugby du régiment. Il exerce l'action la plus
efficace sur le personnel et les équipes sous son commandement
remportant les plus vifs succès , conservant ou apportant au régiment
la plupart des trophées mis en compétition dans les divers challenges
et championnat de Cochinchine. Fait preuve en toutes circonstances de
la plus grande fermeté et honnêteté sportive , arbitre très apprécié et
aimé des sportifs cochinchinois tant civils que militaires.
Premier
secrétaire du major , il est promu adjudant le 1er mars 194 ( j'imagine
1945 ). Commandant d'une section d'alerte dans le plan de défense du
quartier , il est très au courant de tous les détails du rôle qui lui
incombe et fait preuve d'initiative dans l'organisation de son secteur
, connait bien ses hommes.
Le 9 mars 1945 , quartier libre , il est en ville lorsque les japonais prononcent leur attaque , rapidement il se muni d'un pistolet et dans la nuit
la plus absolue il essaie de rejoindre le quartier , il se heurte aux
japonais un peu partout et vient butter dans ceux qui déjà mènent
l'attaque du quartier , vainement il essaiera de se joindre aux
défenseurs et il devra finalement se replier. Il tente alors de se
rendre à son secteur de défense à l'extérieur , carrefour et passage à
niveau "Verdun ..." , mais la aussi les japonais ont pris position
après avoir attaque et pris possession de la villa du Chef de corps
, il ne peut aborder , entendant les plaintes d'un blessé , il essaie
de s'en approcher , il s'agit du capitaine Courreaud , il le saura plus
tard , qui a été grièvement atteint d'une rafale de mitraillette en
venant porter secours à son chef de corps , son voisin , attaqué en
force à son domicile.
Le capitaine Courreaud est mort dans la nuit à la clinique de la rue
Legrand de la Liraye ou des camarades avaient tard dans la nuit réussis
à le transporter.
C'est en portant secours à cet officier qu'il ( mon grand père ) sera
entouré de toutes parts par les japonais et qu'il sera fait prisonnier
après avoir vainement vidé son arme sur l'adversaire pour essayer de se
dégager.
C'est au domicile même du chef de corps , transformé en
poste par l'ennemi , qu'il sera conduit , les mains liées derrière le
dos , avant d'être transféré le lendemain matin au quartier " Virgile"
tombé dans les mains des japonais.
C'est en effet à mon domicile que
tard dans la nuit , vers trois heures du matin , lorsque le pied gauche
cassé par un coup de crosse , le corps en sang et souffrant de façon
intolérable , j'aurai été ramené par les japonais pour me vêtir , que
j'aurais la douleur d'y trouver un brave sous officier accroupi , les
mains attachées dans le dos , la baïonnette d'une sentinelle pointée
sur la nuque , mais ce sera aussi pour moi un réconfort de trouver ,
malgré l'adversité et le tragique du moment , sur le visage de
l'adjudant C , l'image de la confiance dans l'avenir et d'entendre ,
malgré la présence menaçante de la sentinelle , les paroles
d'encouragement toutes du plus grand dévouement de ce sous officier ,
faisant preuve en la circonstance des plus belles qualités de calme et
de sang froid.
Au cours de la captivité , tant au camp Virgile qu'au
camp " Martin des Pallières" , l'adjudant C. avait été désigné pour
prendre le commandement d'un des groupes d'intervention constitués dans
la clandestinité avec du personnel appartenant au régiment. Il a montré
à cette occasion la plus juste compréhension de la situation ,
commandement , discrétion , connaissance parfaite de ses hommes et de
ce qu'on en pouvait attendre.
Après la libération , a pris une part active comme chef de groupe volontaire , aux opérations de déblocage de Saïgon.
Excellent
sous officier , connaissant bien son métier de chef de section ,
travailleur , consciencieux et honnête , ayant beaucoup d'ascendant et
d'autorité sur la troupe.
Très méritant.
A proposer pour le grade supérieur.
A proposer pour la médaille militaire
(J'avais oublié de le préciser mais mon grand père a été libéré le jour
ou devait se dérouler son exécution. Il y a eu relève de la garde et
l'ordre s'est perdu... Mon grand père a toujours estimé que sa vie
suite à son retour était comme une deuxième vie et comme un surplus
tant il pensait qu'il aurait du mourir la bas)
Bertrand
Invité- Invité
Re: De maréchal des logis à adjudant chef dans le 5ème RAC en Indochine (1938-1945)
Bonjour Bertrand
très joli et émouvant exposé sur ton grand-père,merci
très joli et émouvant exposé sur ton grand-père,merci
arthur- Membre très actif
- Messages : 492
Date d'inscription : 26/05/2010
Age : 68
Localisation : LANAYE
Re: De maréchal des logis à adjudant chef dans le 5ème RAC en Indochine (1938-1945)
Salut,
J'avais reservé la lecture de ce message pour mon temps libre, et c'est à présent chose faite.
Ce témoignage est vraiment trés émouvant, encore plus quand il s'agit d'un membre de ta famille. A conserver précieusement pour ne pas oublier la mémoire de cette homme
J'avais reservé la lecture de ce message pour mon temps libre, et c'est à présent chose faite.
Ce témoignage est vraiment trés émouvant, encore plus quand il s'agit d'un membre de ta famille. A conserver précieusement pour ne pas oublier la mémoire de cette homme
Re: De maréchal des logis à adjudant chef dans le 5ème RAC en Indochine (1938-1945)
Une belle histoire qui heureusement finit bien. Bravo pour ce récit très bien écris !
Re: De maréchal des logis à adjudant chef dans le 5ème RAC en Indochine (1938-1945)
Merci à vous , simplement!
Invité- Invité
Re: De maréchal des logis à adjudant chef dans le 5ème RAC en Indochine (1938-1945)
A noter que c'est un épisode méconnu de la Deuxième Guerre mondiale , ces civils et militaires français ont été complètement oubliés par la métropole et livré à eux mêmes. Ils ont subis l'embargo des japonais pendant 5 années qui les a coupés du monde extérieur. Qui plus est , l'occupation japonaise ne s'est pas faite sans violences avec comme apothéose , le coup de force du 9 mars 1945.
Quand j'étais petit je ne comprenais pas ce qu'avait fait mon grand père pendant la Seconde Guerre Mondiale car je connaissais évidemment la guerre d'Indochine puis la guerre du Vietnam mais pas cet épisode.
Voila , juste ce petit complément que je voulais apporter.
Quand j'étais petit je ne comprenais pas ce qu'avait fait mon grand père pendant la Seconde Guerre Mondiale car je connaissais évidemment la guerre d'Indochine puis la guerre du Vietnam mais pas cet épisode.
Voila , juste ce petit complément que je voulais apporter.
Invité- Invité
Re: De maréchal des logis à adjudant chef dans le 5ème RAC en Indochine (1938-1945)
Bonsoir,
Maintenant qu'une section correspond , peut être vaudrait il mieux mettre ce sujet dans "France".
Merci,
Bertrand
Maintenant qu'une section correspond , peut être vaudrait il mieux mettre ce sujet dans "France".
Merci,
Bertrand
Invité- Invité
Re: De maréchal des logis à adjudant chef dans le 5ème RAC en Indochine (1938-1945)
Bertrand a écrit:Bonsoir,
Maintenant qu'une section correspond , peut être vaudrait il mieux mettre ce sujet dans "France".
Merci,
Bertrand
Bonsoir Bertrand,
Simple oubli du staff, qui est maintenant réparer.
Merci
Kévin
kevin14/18- Admin
- Messages : 6058
Date d'inscription : 26/05/2010
Age : 35
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